Contrôle de la biodiversité dans une bambouseraie de 5 ans à Vidigueira, Portugal
En guise de contribution à la Journée mondiale du bambou nous souhaitons mettre en évidence l'impact potentiel sur les écosystèmes locaux des champs de bambou gérés comme des cultures agricoles. Il s'agit d'une question sensible, mais importante, que nous ne devrions pas éviter. Nous devons étudier les relations et partager des informations objectives.
C'est pourquoi nous partageons avec vous le rapport sur la biodiversité que Mona Stöhr, de l'Université des sciences appliquées d'Erfurt, a récemment réalisé dans notre bambouseraie de Vidigueira de cinq ans située dans le sud du Portugal.
Bien entendu, ce sujet n'a pas été choisi au hasard. Nous recevons de nombreuses questions à ce sujet de la part de planteurs potentiels, de gouvernements et d'organisations de conservation. Nous résumons ci-dessous quelques sujets importants dans ce domaine.
Biodiversité dans une bambouseraie agricole
Le bambou, une plante polyvalente à croissance rapide, a fait l'objet d'une attention particulière ces dernières années en tant que culture agricole potentielle en Europe. Si l'introduction d'espèces non indigènes dans les écosystèmes naturels européens suscite des inquiétudes, une analyse minutieuse révèle que le bambou en tant que culture agricole, lorsqu'il est géré de manière durable, peut être une bénédiction plutôt qu'une menace pour la nature.
Un potentiel invasif minimal
L'une des principales préoccupations lors de l'introduction d'une espèce végétale non indigène est son potentiel à devenir envahissante et à perturber les écosystèmes locaux. Contrairement à certaines espèces végétales non indigènes qui peuvent supplanter la flore indigène, le bambou a démontré qu'il était peu susceptible de causer de tels problèmes en Europe. Il est important de souligner que nous ne plantons le bambou qu'en tant que culture agricole, et non dans la nature.
La croissance du bambou est principalement clonale, ce qui signifie qu'il se propage par les rhizomes plutôt que par la dispersion des graines. La plupart des plus de 1600 espèces de bambous présentent une expansion limitée de ces rhizomes, c'est ce que l'on appelle les bambous agglomérés. Plusieurs groupes sont ce que nous appelons des bambous courants, en raison de la propagation des rhizomes. La masse racinaire du bambou est relativement peu profonde et la propagation peut être contrôlée assez facilement grâce à des pratiques de gestion adéquates.
La figure ci-dessous : Comme les rhizomes de bambou se développent horizontalement, ne poussent pas à plus de 60 centimètres de profondeur et cessent de croître lorsqu'ils rencontrent de l'air ou de l'eau, une simple tranchée est une solution très efficace pour maintenir les plantes de bambou à l'intérieur d'une certaine zone.
Champs de bambous gérés : Amélioration de la biodiversité et optimisation de la séquestration du carbone
Lorsqu'elle est gérée de manière réfléchie, la culture du bambou peut apporter des avantages supplémentaires à la biodiversité locale. Notre rapport sur la biodiversité du champ de Vidigueira montre que les champs de bambou peuvent servir d'habitat à diverses espèces sauvages, en offrant un abri, de la nourriture et des lieux de reproduction aux oiseaux, aux insectes et aux petits mammifères. De plus, la présence de bambous peut améliorer la diversité globale de l'écosystème, en enrichissant le paysage et en favorisant les espèces végétales indigènes.
En tant que plante à croissance rapide, le bambou absorbe le CO2 à un taux considérablement plus élevé que beaucoup d'autres arbres et plantes, et les champs de bambou bien gérés ont un taux de séquestration bien meilleur que les forêts naturelles de bambou. Cette propriété fait également du bambou une excellente alternative pour les initiatives de compensation carbone.
En savoir plus sur l'élimination du carbone par les champs de bambous
Conservation des sols
Près d'un tiers des terres arables européennes sont menacées d'érosion et de dégradation. Le bambou pourrait-il faire partie de la solution ?
Le bambou se développe sur des sols de moindre qualité. Il possède un système racinaire étendu qui aide à prévenir l'érosion des sols. Dans les régions sujettes à la dégradation et à l'érosion des sols, comme certaines parties de l'Europe du Sud, le bambou peut jouer un rôle crucial en stabilisant le sol, en réduisant le risque de glissements de terrain et en améliorant la qualité générale des terres.
Le bambou est une plante verte qui pousse toute l'année et qui est idéale pour abaisser la température du sol. Les feuilles tombées du bambou apportent de la matière organique au sol, ce qui enrichit sa fertilité et favorise la santé générale du sol.
Efficacité hydrique
Le bambou est connu pour son efficacité hydrique par rapport à de nombreuses cultures agricoles traditionnelles et certainement par rapport à des cultures très consommatrices d'eau comme le coton. Ses faibles besoins en eau en font un produit bien adapté aux régions dont les ressources en eau sont limitées. En Europe, où la pénurie d'eau peut être un problème dans certaines régions, la culture du bambou peut atténuer la pression sur les réserves d'eau locales.
Réduction des intrants chimiques
Le bambou a besoin d'un minimum d'intrants chimiques, tels que les engrais, pour prospérer. Sa résistance naturelle aux parasites et aux maladies en fait une culture sans pesticide et nécessitant peu d'entretien, ce qui réduit l'impact environnemental associé à l'utilisation de produits chimiques dans la production agricole.
Pratiques de récolte durables = ressources durables
En Europe, où les forêts ont été historiquement exploitées pour le bois, le bambou peut réduire la pression sur les forêts indigènes. Le bambou pousse rapidement, atteignant sa maturité en 6 à 8 ans, ce qui en fait une ressource renouvelable idéale pour diverses applications, notamment la construction, la production de papier et la fabrication de meubles. Le bambou est également une alternative durable à l'acier, au PVC, aux matériaux composites et au coton.
Pour que la culture du bambou reste respectueuse de l'environnement, il est essentiel de mettre en œuvre des pratiques de récolte durables. Il s'agit notamment de récolter de manière sélective les bambous arrivés à maturité tout en permettant aux jeunes pousses de devenir des perches. Les pratiques de gestion durable permettent de maintenir des populations de bambous saines et de minimiser l'impact sur les écosystèmes environnants.
Indigène ou non-indigène ?
En Europe et en Amérique du Nord, on trouve des milliers d'espèces non-indigènes. Il est toujours important d'étudier l'impact d'une espèce non indigène sur l'environnement.
Le bambou a été réintroduit en Europe entre la fin du17e et le19e siècle. Il existe des peuplements de bambous dans de nombreux pays européens et, pour autant que nous le sachions - à l'exception de quelques conflits dans des jardins familiaux -, le bambou n'a pas posé de problèmes écosystémiques importants en Europe.
En conclusion... Pourquoi ne pas donner une chance au bambou ?
Le bambou étant relativement nouveau en Europe, il est compréhensible et judicieux que les gens soient critiques. Mais nous pensons que lorsque le sujet sera étudié en profondeur et que des exemples réels prouveront le bien-fondé, le bambou sera adopté comme d'autres cultures que nous considérons comme européennes, mais qui sont originaires d'autres parties du monde.
Origine : Chine
Origine : Méditerranéen
Origine : Chine
Origine : Chine / Asie centrale
Origine : Asie
L'introduction du bambou comme culture agricole en Europe présente de nombreux avantages environnementaux, notamment un faible impact sur la biodiversité, la séquestration du carbone, l'amélioration de la santé des sols et l'utilisation rationnelle de l'eau. En adoptant des pratiques de culture et de gestion responsables, l'Europe peut exploiter le potentiel du bambou en tant que culture agricole durable et respectueuse de l'environnement, contribuant ainsi positivement à la fois à l'environnement et aux économies locales.
Donnons une chance au bambou...